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Epargne : Mobiliser 4 800 milliards pour l’Europe

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Un rapport de New Financial et Fidelity International dresse une feuille de route pour réorienter l’épargne des Européens vers l’investissement à long terme. Objectif : transformer une épargne dormante en moteur de croissance économique.

 

L’Union européenne abrite des citoyens parmi les plus prudents du monde en matière de finances personnelles. Pourtant, cette prudence a un revers : une épargne peu productive, majoritairement placée sur des livrets faiblement rémunérés ou laissée en dépôts bancaires inactifs. En 2023, ces supports concentraient près de 11 000 milliards d’euros, selon un rapport publié le 19 juin 2025 par le think tank New Financial et Fidelity International.

Ce document, intitulé « Concevoir des comptes d’épargne et d’investissement dans l’UE », plaide pour une véritable révolution culturelle et réglementaire. Il propose une feuille de route en dix étapes pour permettre à l’épargne européenne d’alimenter l’économie réelle, via des placements de long terme, plus risqués mais plus productifs. À la clé, jusqu’à 4 800 milliards d’euros mobilisables d’ici 2035.
 

L’Europe épargne, mais n’investit pas

La Commission européenne pousse depuis plusieurs années une initiative nommée Union de l’épargne et de l’investissement (UEI), censée créer un environnement favorable aux placements durables, dans un contexte de transition énergétique et de réindustrialisation. Le rapport de New Financial et Fidelity s’inscrit dans cette dynamique, en soulignant une anomalie persistante : l’épargne de long terme représente seulement 239 % du PIB de l’UE, contre 310 % au Royaume-Uni et 500 % aux États-Unis.

 

Le manque de dispositifs d’investissement incitatifs est pointé du doigt. Peu d’États membres offrent aujourd’hui des comptes dédiés à l’investissement à long terme, à l’image du compte ISK suédois. Lancé en 2012, ce dernier permet d’investir dans des actions, obligations ou ETF, avec une fiscalité favorable. Résultat : en une décennie, les montants investis via l’ISK représentent 29 % du PIB suédois. C’est ce modèle que les auteurs du rapport veulent généraliser, avec une ambition claire : convertir une partie de l’épargne liquide européenne en capital actif.
 

Dix principes pour réinventer l’épargne européenne

Le rapport propose dix recommandations pour bâtir des produits d’épargne long terme efficaces à l’échelle européenne. Ces principes incluent la simplicité d’usage, des avantages fiscaux équitables, des plafonds élevés voire inexistants, la liberté de retrait pour maintenir la confiance, et une ouverture transfrontalière indispensable dans une économie intégrée.

 

Mais au-delà de la technique, le texte insiste sur la nécessité de sensibiliser les citoyens à l’investissement. Il propose la création de comptes d’investissement destinés aux jeunes, un reporting fiscal simplifié, et une stabilité réglementaire pour éviter l’effet yoyo des politiques fiscales.

 

Pour Christian Staub, directeur EMEA chez Fidelity, cette initiative est un levier majeur : « Ce rapport souligne l’urgence de mettre en place des produits d'épargne innovants qui responsabilisent les citoyens et consolident l’avenir financier de l’Europe. » Maximilian Bierbaum, directeur de la recherche chez New Financial, complète : « Les Européens sont d'excellents épargnants, mais pas nécessairement d'excellents investisseurs. Trop de capitaux restent inutilisés sous forme de liquidités. »

 

Dans un contexte de recherche de financements massifs pour la transition écologique, les infrastructures et l’innovation, cette réforme de l’épargne pourrait devenir un levier central. Reste à convaincre les États membres, les institutions financières et les citoyens de changer leurs habitudes.